Gouverner, c’est prévoir. Cette maxime s’applique à la perfection aux actions de l’Exécutif, notamment dans le domaine de l’assurance séisme au Maroc. Si le tremblement de terre dévastateur qui a récemment frappé le Royaume, a surpris tout le monde, la reconstruction des zones sinistrées va bénéficier d’un soutien de taille dans les jours à venir, en vertu d’un contrat d’assurance paramétrique.
La mise en place du régime d’assurance innovant de couverture des conséquences d’événements catastrophiques, adopté en 2018 et entré en vigueur en janvier 2020, n’a pas été une erreur. La reconstruction des zones sinistrées bénéficiera d’un soutien de taille dans les jours à venir, en vertu d’un contrat d’assurance paramétrique signé par l’État marocain, à travers le Fonds de solidarité contre les catastrophes naturelles «Gallagher Re».
Ce contrat d’assurance paramétrique, destiné à couvrir les tremblements de terre, devrait se traduire par la mise à disposition, au profit du Maroc, d’une indemnité d’au moins 250 millions de dollars, voire 300 millions, dans les semaines à venir. Il a pour objectif de préserver l’intérêt des victimes d’événements catastrophiques, en permettant la mise en place de mécanismes d’indemnisation viables et pérennes.
En effet, l’action du mouvement de solidarité improvisée dans l’urgence et la désorganisation ont montré leurs limites face aux évènements catastrophiques. La collectivité nationale se devait dès lors d’anticiper et d’organiser en amont la couverture et l’indemnisation des victimes frappées par ces fléaux, argumentait alors la Direction des assurances et de la prévoyance sociale. C’est pour répondre à ces préoccupations qu’il a été proposé un régime mixte d’indemnisation des victimes d’événements catastrophiques, combinant à la fois un système assurantiel au profit des personnes ayant souscrit un contrat d’assurance et un système allocataire au profit des personnes physiques ne disposant d’aucune couverture.
Ainsi, il s’agit de garantir à l’ensemble des individus, présents sur le territoire national, un droit minimal à compensation du préjudice corporel ou de la perte de l’usage de la résidence principale qu’ils subissent en cas de survenance d’un événement catastrophique. Il s’agit également de mettre en place une offre de couverture des évènements catastrophiques pouvant affecter les personnes titulaires d’un contrat d’assurance.
Revenons au contrat d’assurance paramétrique, lequel s’inscrit dans le cadre du vaste programme pour la résilience et la gestion intégrée des risques de catastrophes. Il a contribué à renforcer la capacité du Maroc à faire face aux aléas naturels et aux changements climatiques en appuyant l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe. Il a permis également de soutenir des investissements structurels dans la réduction des risques pour plus de 174 .000 bénéficiaires, en assurant près de 9 millions de personnes contre les dommages corporels lors d’événements catastrophiques et en créant un fonds de solidarité au profit de près de 6 millions de personnes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. Une véritable sécurisation donc pour les couches sociales les plus vulnérables n’ayant pas souvent accès au système d’assurance classique.
Une assurance adaptée aux zones rurales
En plus de garantir un paiement rapide en se basant sur l’indice Mercalli modifié (MMI), la solution paramétrique est conçue pour fournir une couverture aux personnes non assurées en cas de tremblement de terre. La couverture est déclenchée si un événement se produit ou est dépassé. Il est mesuré à l’aide d’un paramètre objectif pouvant être corrélé à un risque spécifié et, par conséquent, à une perte financière pour l’assuré.
Pour le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC), le déclencheur est tout événement sismique d’une magnitude (Mw) égale ou supérieure à 4,5, d’une intensité selon l’échelle de Mercalli modifiée (MMI) égale ou supérieure à 5 dans n’importe quelle commune, et dont l’épicentre se trouve dans une région géographique définie au Maroc.
Le séisme dévastateur qui a emporté plus de 3.000 morts au Maroc entre dans cette catégorie, puisqu’il a atteint une magnitude de 7 et a surtout touché des régions rurales. Une valeur MMI maximale est enregistrée pour chaque commune au Maroc après un événement. Plus le MMI enregistré est élevé, plus le taux de perte, et donc l’indemnisation versée, sont élevés. Par exemple, un événement sismique avec un MMI de 6,5 dans une commune aura un paiement défini.
150 MDH de la FMA
En revanche, tout événement sismique avec un MMI maximal inférieur à 5 ne donne lieu à aucun paiement car le déclencheur paramétrique n’a pas été suffisamment satisfait, expliquent deux analystes de la société américaine de courtage en assurance et de conseil en risques financiers. À ce montant que va recevoir le Maroc en vertu du contrat d’assurance paramétrique négocié avec Gallagher Re, vont s’ajouter des dons. S’inscrivant dans l’élan de solidarité pour la gestion des effets du tremblement de terre qui a endeuillé le Royaume, les membres de la Fédération marocaine de l’assurance ont décidé de verser 150 millions de dirhams au Fonds spécial 126, indépendamment des indemnisations prévues par les contrats d’assurance.
Source : https://leseco.ma/